Dans le cadre du traitement du VIH, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) à fait plusieurs recommandations. La prestation de services différenciée, un modèle qui repose sur la distribution de traitements contre le VIH sur plusieurs mois, permettant aux personnes de recevoir plusieurs mois de médicaments à la fois, fait ses preuves en république du Rwanda.
Selon l’institution onusienne en charge de la santé, les personnes vivant avec le VIH qui suivaient un traitement depuis au moins 18 mois et qui avaient fait preuve d’une bonne observance et obtenu une suppression virale réussie pouvaient renouveler leur traitement anti-VIH tous les trois mois. En 2020, cette durée a été étendue à six mois dans les mêmes conditions.
« C’est l’une des stratégies différenciées qui a amélioré l’adhésion des bénéficiaires tout en allégeant la charge que représentent les visites mensuelles pour le système de santé. L’OMS a organisé des ateliers d’experts pour évaluer la faisabilité des directives mondiales dans le pays, a aidé à définir les besoins de mise en œuvre, à adapter les outils et à former les agents de santé », expliqué la Dr Ribakare Muhayimpundu, responsable du programme VIH/IST/tuberculose/hépatite à l’OMS Rwanda.
Née en 2002, Esther Uwababyeyi a été infectée pendant la grossesse de sa mère. Cette innovation a été transformatrice pour elle.
« En 2019, après avoir réussi à supprimer ma charge virale et à démontrer mon adhésion au traitement, j’ai été inscrite à un programme de renouvellement d’antirétroviraux de trois mois tout en continuant à fréquenter l’internat. Tout au long de ma dernière année de lycée, mes rendez-vous étaient programmés pendant les vacances de fin de trimestre, ce qui me permettait de terminer mes études sans interruption » a t elle déclaré.
En 2027, le ministère de la Santé, par l’intermédiaire du Centre biomédical du Rwanda (RBC), a mis en place un modèle d’éducation par les pairs au niveau communautaire, parallèlement à une distribution sur plusieurs mois, pour maintenir la qualité des services. L’OMS a travaillé avec le pays pour concevoir et adapter ce modèle au contexte local, élaborer des critères de sélection des éducateurs par les pairs, créer un manuel de formation et former environ 5 000 éducateurs par les pairs, en étroite collaboration avec les réseaux de personnes vivant avec le VIH.
Havugimana Faustin, l’un des pairs éducateurs formés en 2017, a commencé son traitement contre le VIH en 2006, deux ans après son diagnostic. Il a été réélu pour un renouvellement de traitement tous les trois mois et a été élu pair éducateur.
« Je fais des visites mensuelles pour vérifier l’observance du traitement et traiter les problèmes émergents, en veillant à ce que les patients soient orientés rapidement vers les établissements de santé, si nécessaire. Je suis heureux d’annoncer que la plupart de mes pairs affichent une bonne adhésion et apprécient les avantages du programme de renouvellement », explique Faustin pairs éducateurs .
Ces innovations, lancées il y a près de dix ans, ont considérablement amélioré la qualité des soins au sein du système de santé rwandais et la qualité de vie des personnes vivant avec le VIH. Elles ont également positionné le Rwanda comme un leader mondial dans la riposte au VIH. Le Rwanda est l’un des pays au monde, à avoir atteint les objectifs de traitement 95-95-95 de l’ONUSIDA plus tôt que prévu.
D’ici 2025, ces objectifs visent à ce que 95 % des personnes vivant avec le VIH connaissent leur statut sérologique, que 95 % des personnes diagnostiquées avec le VIH suivent un traitement contre le VIH et que 95 % des personnes sous traitement obtiennent une suppression virale. Le Rwanda a dépassé ces objectifs avec respectivement 95 %, 97,5 % et 98 %, revèle l’OMS.
« La distribution de médicaments sur plusieurs mois a permis à nos patients d’économiser du temps et de l’argent. Au lieu de se rendre chaque mois dans un établissement de santé, bon nombre de nos patients se rendent désormais dans un établissement de santé tous les trois à six mois. Ce changement leur permet d’économiser sur les frais de transport et leur donne plus de temps pour s’occuper de leur famille. Cette commodité a également amélioré l’observance du traitement et la suppression virale »», rappelle le Dr Simeon Tuyishime, directeur des soins et du traitement du VIH à RBC.
Mariam KANTE