Dans les estimations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), en 2022, près de la moitié de la population mondiale était exposée au risque de paludisme. Il y aurait eu 249 millions de cas et 608 000 décès enregistrés imputables à cette maladie cette année-là, dont la très grande majorité (94 % des cas et 95 % des décès) en Afrique, où ils concernent essentiellement les enfants de moins de 5 ans. Cette même année, l’OMS a émis une recommandation pour l’utilisation d’un vaccin contre la pandémie. En 2023, l’organisation a émis une nouvelle recommandation pour un autre vaccin.
C’est en voyant ces constats alarmant depuis 1989 que le professeur Halidou Tinto de nationalité Burkinabè a fait du Paludisme une affaire personnelle.
Récemment distingué par le magazine Nature pour ses travaux qui ont conduit à la conception de deux vaccins contre le paludisme. Ces deux vaccins ont été testés par le professeur Halidou Tinto et son équipe, dans l’unité de recherche de Nanoro, au Burkina Faso. Le directeur de recherche en parasitologie a été l’investigateur principal sur l’étude du vaccin R21, fabriqué par l’Université d’Oxford et recommandé en 2023 par l’OMS. Les tests effectués sur un peu plus de 400 enfants burkinabè (avant un test plus large), et les résultats qui en ont été tirés, indiquent que ce vaccin peut protéger les enfants contre le paludisme avec une efficacité de plus de 75 %.
Ces succès ont permis au professeur Tinto d’être cité dans la liste des dix scientifiques les plus influents en 2023, établie par la revue britannique Nature.
Fier de cette réalisation, Pr Tinto revient sur les raisons qui lui ont poussé à s’intéresser au Paludisme.
« Quand j’ai commencé à travailler dans la recherche pour la rédaction de ma thèse en pharmacie, je me suis tout de suite intéressé au paludisme. Selon moi, c’était le parent pauvre des maladies. Comme nous étions à la fin des années 1990, il n’y avait pas de financement pour la recherche sur le palu. La plupart des financements allaient pour la recherche sur le VIH. Je me disais que le paludisme n’était peut-être pas une maladie qui intéressait les Occidentaux car elle ne les touchait pas dans leurs pays, mais qu’il nous appartenait à nous, Africains, de nous approprier cette recherche-là. Sinon, personne ne viendrait résoudre le problème à notre place ! C’est ainsi que je me suis engagé à réaliser ma thèse sur cette thématique. » a-t-il rappelé.
Il faut que noter que les nourrissons et les jeunes enfants connaissent encore la charge de mortalité la plus élevée selon l’OMS
Abdoulaye KABA