Genève, 20 mai 2025 – L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a officiellement validé l’élimination du trachome en Mauritanie en tant que problème de santé publique. Le pays devient ainsi le septième de la Région africaine de l’OMS à franchir cette étape historique dans la lutte contre les maladies tropicales négligées.
À l’occasion de la 78e Assemblée mondiale de la Santé, un certificat de validation a été remis à M. Abdallahi Sidi Mohamed Wedih, Ministre mauritanien de la Santé, et à Mme Aïcha Vall Vergès, Ambassadrice de la Mauritanie en Suisse.
« Je félicite le gouvernement et le peuple mauritaniens pour cette victoire sanitaire remarquable. Leur réussite montre que l’élimination du trachome est possible et envoie un message d’espoir aux pays encore confrontés à cette maladie », a déclaré le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’OMS.
Un combat de longue haleine
La lutte contre le trachome a commencé dans les années 1960 en Mauritanie, mais c’est au début des années 2000 que des enquêtes épidémiologiques structurées ont permis de cartographier sa prévalence. Le pays a ensuite intégré les actions de lutte contre la maladie dans son programme national de lutte contre la cécité, avec l’appui de partenaires tels que l’Organisation pour la prévention de la cécité (OPC), l’Institut d’ophtalmologie tropicale d’Afrique (IOTA) et l’OMS.
Grâce à la stratégie CHANCE recommandée par l’OMS, la Mauritanie a mis en œuvre plusieurs interventions clés :
• Traitements chirurgicaux pour les cas avancés,
• Distribution massive d’antibiotiques (azithromycine, fournie par Pfizer via l’Initiative internationale contre le trachome),
• Campagnes de sensibilisation à l’hygiène faciale et personnelle,
• Amélioration des services d’eau potable et d’assainissement.
La Dre Charlotte Faty Ndiaye, Représentante de l’OMS en Mauritanie, a salué cette avancée comme un modèle de réussite en santé publique. Elle a également souligné l’engagement du gouvernement, des professionnels de santé, des communautés locales et des partenaires internationaux.
« Une victoire historique. L’OMS continuera de soutenir le pays dans la surveillance post-élimination pour éviter toute résurgence », a-t-elle précisé.
Ce succès s’inscrit dans la continuité des efforts de la Mauritanie : en 2009, le pays avait déjà été certifié exempt de transmission de la dracunculose. Il rejoint désormais les 21 autres pays ayant déjà éliminé le trachome, dont le Maroc, le Ghana, le Népal ou encore le Vietnam.
Une maladie encore présente, mais en recul
En avril 2024, le trachome demeurait un problème de santé publique dans 37 pays, touchant environ 103 millions de personnes, majoritairement en Afrique. La Région africaine supporte à elle seule 90 % de la charge mondiale, avec 93 millions de personnes vivant dans des zones à risque.
Cependant, les efforts de lutte ont permis une réduction impressionnante de cette charge : entre 2014 et 2024, le nombre de personnes nécessitant un traitement antibiotique dans la Région africaine est passé de 189 millions à 93 millions – soit une baisse de 51 %.
Aujourd’hui, 20 pays africains poursuivent leurs efforts pour éliminer le trachome, encouragés par des exemples comme celui de la Mauritanie, devenu symbole de détermination, de coordination et de réussite en matière de santé publique.
KABA