La République de Guinée reconnait dans sa Constitution la santé comme un droit fondamental, préalable à la jouissance des autres droits fondamentaux. Aussi, elle a souscrit à plusieurs instruments juridiques internationaux en matière de santé notamment la Déclaration d’Almaty sur les soins de santé primaire. En dépit de cette institutionnalisation, les populations peinent à accéder aux soins de santé de qualité.
Dans le domaine de l’offre de soins globale du pays, il existe 1 383 structures publiques toutes, catégories confondues, réparties comme suit : 925 postes de santé, 410 centres de santé, 5 centres de santé améliorés, 33 centres médicaux communaux et hôpitaux préfectoraux, 7 hôpitaux régionaux et 3 hôpitaux nationaux. Sur le nombre total d’infrastructures publiques, 51% se trouvent dans un état physique et de fonctionnalité non appropriés par rapport aux standards définis (258 postes de santé, 201 Centres de santé, 12 hôpitaux préfectoraux, 5 centres de santé communaux, 4 hôpitaux régionaux et 2 hôpitaux nationaux). La plupart des infrastructures sanitaires du pays ne répondent plus aux normes standards, révèle le Plan National de Développement Sanitaire 2015-2024.
Pour l’ensemble du pays, ce plan dénombre un total de 2 984 lits d’hospitalisation avec des ratios de disponibilité qui varient entre 2 396 habitants pour la ville de Conakry et 6 797 habitants pour la région administrative de Labé. Le ratio moyen est d’un lit pour 3 600 habitants contre une norme OMS d’un lit pour 1000 habitants.
Il ressort donc que le pays a besoin d’un nombre complémentaire de lits d’hospitalisation dont la programmation devra tenir compte de leur taux d’occupation.
En ce qui concerne les équipements des établissements de soins, ils sont essentiellement composés du mobilier médical, des appareils biomédicaux et des moyens logistiques. L’équipement biomédical est utilisé essentiellement dans les structures hospitalières. Selon les normes établies par le Ministère de la Santé Publique, chaque hôpital doit comporter un paquet d’équipement lui permettant d’assurer la prise en charge des pathologies identifiées note le document. Le Plan National de Développement Sanitaire (2015-2024) fait également remarquer que le taux de disponibilité globale des équipements est seulement de 16%, cette situation oblige très souvent les malades porteurs de certaines pathologies à s’orienter vers un nombre réduit de structures. En effet, dans la plupart des hôpitaux, il manque des équipements d’imagerie (radio, échographie, scanner….). A cela, s’ajoute le manque de centres régionaux de transfusion sanguine, de services de maintenance efficace à tous les niveaux et d’une insuffisance d’équipements des blocs opératoires.
Dans un contexte généralisé de pauvreté, impossible n’est donc d’assurer aux populations, les soins de santé de proximité sollicités. Ce qui induit une forte demande d’évacuations sanitaires.
Pour faire face à cette forte attente des populations, le ministre de la Santé et de l’Hygiène publique a annoncé lundi 08 novembre 2022, la dotation de nouveaux équipements à l’hôpital national Donka et la construction de plusieurs infrastructures sanitaires dans le pays pour, dit-il « répondre aux déficits d’équipements sanitaires » dont les populations ont besoin. C’était à travers une conférence de presse tenue au siège du porte-parolat du gouvernement. A cette occasion, Mamadou Pethè Diallo a profité de l’occasion pour annoncer la construction de (8) huit nouveaux centres d’hémodialyse dans les régions du pays.
« Désormais les personnes souffrantes d’insuffisance rénale seront prises de façon gratuite. Le président de la transition a instruit la construction de 8 centres hospitaliers du pays pour qu’un patient de Faranah ne se déplace pas pour Conakry pour ses soins. La construction de ces centres régionaux durera 7 à 8 mois, en plu des contrats de construction de 15 nouveaux centres de santé. Tout ça, c’est pour lutter contre les cliniques illégales », a-t-il annoncé.
Pour rapprocher les structures de soins de santé aux populations, le gouvernement guinéen à travers le ministre en charge de la santé et de l’hygiène publique a également procédé ce mercredi 9 novembre 2022, à la signature du contrat de construction de quatre centres hospitaliers régionaux. Il s’agit celui de Kindia, Labé, Kankan et N’Zérékoré. Avec une capacité d’accueil de 200 lits, ces hôpitaux auront des plateaux médicotechniques de haut niveau ; mais aussi toutes les spécialités médicales, chirurgicales, pédiatriques et gynéco-obstétricales. Et l’évolution vers le statut CHU n’est pas exclue pour ces centres.
« La construction de ces quatre hôpitaux après l’inauguration du CHU Donka, au mois de septembre dernier, s’inscrit en faveur de la réussite du pari de la réforme du système de santé. Celui, d’offrir aux populations, quel que soit le lieu où elles vivent, où elles travaillent, d’avoir accès au même type de service de santé à un prix abordable », a indiqué Mamadou Pethè Diallo.
Il faut souligner que le coût global du financement des travaux est estimé à 198 millions d’euros, dont une participation du gouvernement guinéen à hauteur de 10%. Les partenaires au développement apporteront le reste de l’enveloppe.
Ce montant de réalisation, couvre non seulement la construction, l’équipement et la mise en service de ces 4 hôpitaux, et va permettre aussi l’accompagnement technique dans la formation, la gestion, l’entretien et la maintenance desdits centres, pour une période de 3 ans avec l’expertise de plusieurs hôpitaux français.
Billy Nankouman CONDÉ