Le nombre de cas de rougeole recensés à travers le monde a augmenté de 79 % soit, 17 338 cas enregistrés dans le monde entre janvier et février 2022, contre 9 665 au cours des deux premiers mois de l’année 2021. Cette augmentation indique un risque accru de propagation des maladies à prévention vaccinale et pourrait engendrer d’importantes flambées épidémiques, en particulier de rougeole. Si rien n’est fait, des millions d’enfants pourraient ainsi être touchés en 2022, avertissent l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et l’Unicef dans un communiqué publié le 27 avril dernier.
Selon la même source, le risque de flambées épidémiques importantes s’est accentué à mesure que les collectivités ont relâché la mise en œuvre des règles de distanciation physique et d’autres mesures de prévention de la COVID-19 imposées au plus fort de la pandémie. En outre, le déplacement de millions de personnes déclenché par les conflits et les crises qui font rage en Ukraine, en Éthiopie, en Somalie et en Afghanistan, entre autres pays, se traduit par la perturbation des services de vaccination de routine et contre la COVID-19, un manque d’accès à l’eau potable et à l’assainissement, et l’augmentation du risque d’épidémies de maladies à prévention vaccinale dans un contexte de promiscuité.
Outre ses effets directs sur l’organisme, qui peuvent mettre en jeu le pronostic vital, le virus de la rougeole affaiblit le système immunitaire et rend l’enfant plus vulnérable pendant plusieurs mois à d’autres maladies infectieuses telles que la pneumonie et la diarrhée.Très contagieuse, les organisations onusiennes s’inquiètent du fait que les flambées de rougeole puissent également laisser présager d’autres épidémies de maladies se propageant plus lentement.
« En plus d’être une maladie dangereuse et potentiellement mortelle, la rougeole est un signe avant-coureur qui révèle des lacunes dans la couverture vaccinale à l’échelle du globe – des lacunes dont pâtiront les enfants vulnérables S’il est encourageant de constater que la population de nombreuses collectivités commence à se sentir suffisamment protégée de la COVID-19 pour reprendre ses interactions sociales, cette reprise des activités dans les pays où les enfants ne bénéficient pas d’une vaccination de routine contribue à créer le terrain idéal pour la propagation de maladies telles que la rougeole. » a déclaré Catherine Russell, Directrice générale de l’Unicef.
Face à la résurgence de la maladie liée notamment à la pandémie du COVID-19, l’aggravation des inégalités en matière d’accès aux vaccins et la réaffectation des ressources destinées à la vaccination de routine empêchant un trop grand nombre d’enfants de recevoir une protection contre la rougeole et d’autres maladies à prévention vaccinale, l’OMS et l’Unicef appellent dans le communiqué à agir pour inverser la situation.
« La surcharge des systèmes de santé, dans le sillage de la pandémie de COVID-19, a conduit à l’interruption des services de vaccination. Or, nous constatons aujourd’hui la résurgence de maladies mortelles telles que la rougeole, et les conséquences de ces perturbations se feront sentir pendant plusieurs décennies en ce qui concerne d’autres maladies. Il est urgent de remettre les services essentiels de vaccination sur les rails et de lancer des campagnes de rattrapage afin que chacun puisse avoir accès à ces vaccins vitaux », lance le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur général de l’OMS.
Atteindre une couverture vaccinale d’au moins 95 % de la population avec deux doses de vaccin est un moyen sûr et efficace de protéger les enfants contre la rougeole. Or, dans de nombreux pays, les perturbations engendrées par la pandémie de COVID-19 ont retardé l’administration de la deuxième dose de vaccin.
Au 1er avril 2022, on déplorait toujours le report, en raison de la pandémie, de 57 campagnes contre des maladies à prévention vaccinale prévues dans 43 pays, au détriment de 203 millions de personnes, principalement des enfants. Parmi ces campagnes, 19 visent plus particulièrement la rougeole, une situation qui expose 73 millions d’enfants au risque de contracter cette maladie.
Parmi les pays où la rougeole a le plus sévi depuis l’an dernier figurent la Somalie, le Yémen, le Nigeria, l’Afghanistan et l’Éthiopie. L’insuffisance de la couverture vaccinale contre la rougeole est la principale cause de ces épidémies, quel que soit le pays concerné.
La rédaction