À partir de ce mercredi 11 décembre 2024, la vente libre de huit traitements anti-rhume dans les pharmacies sera désormais interdite en France. C’est une mesure de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) qui s’inscrit dans la continuité des actions engagées depuis plusieurs années pour limiter l’exposition des patients aux risques rares mais graves associés à ces médicaments notamment, infarctus du myocarde et accident vasculaire cérébral. Considérés comme dangereux, ces médicaments étaient dans le viseur de l’ANSM avait déjà explicitement déconseillé leur utilisation en 2023.
« Au regard d’une part des très nombreuses contre-indications, précautions d’emploi et des effets indésirables connus de la pseudoéphédrine, et d’autre part du caractère bénin du rhume (maladie qui guérit spontanément en 7 à 10 jours), nous considérons que la possibilité d’obtenir ces médicaments sans avis médical fait courir un risque trop important aux patients. Par conséquent, nous avons décidé de classer la pseudoéphédrine sur la liste I des substances vénéneuses. Ainsi, à compter du 11 décembre 2024, les médicaments vasoconstricteurs oraux à base de pseudoéphédrine sont dispensés uniquement sur ordonnance et leur utilisation nécessite un avis médical préalable et systématique », peut-on lire sur le site de l’agence.
Une décision en contradiction avec les conclusions récentes des experts européens, réagit l’association Néres, qui regroupe les fabricants de médicaments sans ordonnance, dans un communiqué de presse.
« Aucune donnée scientifique, ni aucune nouvelle donnée pertinente n’a été communiquée par l’ANSM depuis les conclusions favorables (sous réservé d’une mise à jour des informations) du Comité pour l’évaluation des risques en matière de pharmacovigilance (PRAC) de l’Agence européenne du médicament (EMA) en 2023 », a déploré l’association.
Les fabricants eux, regrettent un impact préoccupant sur l’accès aux soins, que pourrait cette interdiction.
« La vente libre pour ces traitements dédiés à des pathologies bénignes pourrait surcharger inutilement les cabinets médicaux, aggravant ainsi les délais d’accès aux soins pour des patients souffrant de pathologies plus lourdes », font-ils savoir.
Ils estiment la mesure disproportionnée et appelle l’ANSM à reconsidérer sa décision.
La liste des médicaments concernés regroupe Actifed Rhume, Actifed Rhume jour et nuit, Dolirhume Paracétamol et Pseudoéphédrine, Dolirhumepro Paracétamol Pseudoéphédrine et Doxylamine, Humex Rhume, Nurofen Rhume, Rhinadvil Rhume, Ibuprofène/Pseudoéphédrine, Rhinadvilcaps Rhume Ibuprofène/Pseudoéphédrine.
Ces médicaments anti-rhume contiennent la molécule pseudoéphédrine. Ils font l’objet de nombreuses critiques depuis plusieurs années, car ils peuvent provoquer de graves effets secondaires comme des AVC et des infarctus. Même s’ils restent très rares, les autorités sanitaires ont estimé que le risque était inacceptable pour traiter une pathologie bénigne comme le rhume.
Billy N. CONDE