Dans une directive publiée ce mardi, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) appelle à une action urgente pour mettre fin à la médicalisation croissante des mutilations génitales féminines (MGF). Alors que les professionnels de santé devraient être des acteurs clés de la lutte contre cette pratique, des données récentes révèlent qu’ils en deviennent de plus en plus les exécutants.
Selon l’OMS, environ 52 millions de femmes et de filles ont subi des mutilations génitales pratiquées par des agents de santé, ce qui représente près d’un quart des cas recensés dans le monde en 2020. Un chiffre alarmant, qui souligne une tendance inquiétante : la légitimation implicite des MGF lorsqu’elles sont réalisées en milieu médical.
La nouvelle directive, intitulée « Prévention des mutilations génitales féminines et prise en charge clinique des complications », recommande des mesures fermes, notamment l’interdiction formelle de cette pratique dans les codes de déontologie des professions médicales. Elle insiste également sur la nécessité de former les agents de santé afin qu’ils puissent refuser les demandes de MGF tout en sensibilisant les familles aux dangers physiques et psychologiques que cela représente.
« Les mutilations génitales féminines constituent une violation grave des droits des filles et une menace pour leur santé. Les professionnels de santé doivent être des agents de changement, et non des vecteurs de cette violence », a déclaré le Dr Pascale Allotey, directrice de la santé sexuelle et reproductive à l’OMS.
La directive souligne également l’importance d’impliquer les communautés, en particulier les hommes et les garçons, dans les campagnes de sensibilisation. L’objectif est de changer les normes sociales et culturelles qui continuent de perpétuer les MGF dans une trentaine de pays à travers le monde.
Outre la prévention, l’OMS insiste sur la nécessité de garantir des soins complets et empathiques aux survivantes. Ces soins incluent la santé mentale, la prise en charge des complications obstétricales et, dans certains cas, des interventions chirurgicales reconstructrices.
Des avancées ont déjà été observées. En 30 ans, la prévalence des MGF chez les jeunes filles de 15 à 19 ans a diminué de 50 % au Burkina Faso, 35 % en Sierra Leone et 30 % en Éthiopie. La probabilité pour une fille de subir une mutilation a globalement chuté d’un tiers depuis 1990. Toutefois, 4 millions de filles restent exposées à ce risque chaque année.
L’OMS conclut en appelant à une mobilisation collective pour éradiquer une pratique qu’aucun contexte médical ne saurait justifier.
KABA