La communauté internationale a commémoré le 28 mai dernier, la journée mondiale de l’hygiène menstruelle sous le thème : « Ensemble pour un monde respectueux des règles. » Cette journée mobilise les États, les ONG et autres acteurs à promouvoir et à garantir la santé de toutes les femmes.
La veille de cette journée, une équipe de scientifiques de l’Ecole Polytechnique Fédérale de Zurich (EPFZ) a présenté une serviette hygiénique qui détecte les maladies. Baptisée « MenstruAI » la serviette hygiénique « intelligente » est capable de détecter des maladies comme le cancer des ovaires ou l’endométriose à un stade précoce. Elle fonctionne comme un test Covid ou à l’aide d’une application pour smartphone.
« Jusqu’à présent, le sang menstruel était considéré comme un déchet. Nous montrons qu’il est une source d’information précieuse », indique Lucas Dosnon, concepteur de cette serviette cité dans le communiqué de l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ).
Le sang contient des centaines de protéines dont la concentration est souvent comparable à celle du sang veineux. Des maladies comme les inflammations, certaines tumeurs ou l’endométriose font que certaines protéines sont mesurables dans le sang. Elles peuvent être utilisées comme biomarqueurs capable de détecter trois de ces biomarqueurs: CRP, CEA et CA-125. Le premier est généralement présent dans le sang en cas d’inflammation, le deuxième est typiquement élevé dans tous les types de cancer et le troisième peut être élevé en cas d’endométriose et de cancer des ovaires.
Les scientifiques ont équipé la serviette d’une bandelette de test similaire aux procédés utilisés pour les autotests Covid. Lorsque le biomarqueur dans le sang menstruel entre en contact avec un anticorps spécifique, une bande colorée apparaît. L’intensité de cette couleur varie en fonction de la concentration de la protéine correspondante.
Selon le communiqué de l’Ecole Polytechnique Fédérale de Zurich, les résultats peuvent être lus à l’œil nu ou à l’aide d’une application spécialement développée à cet effet, basée sur l’apprentissage automatique et qui évalue l’intensité de la couleur.
Le dispositif peut ainsi servir de système d’alerte précoce. Il ne doit pas remplacer les diagnostics établis, mais donner des indications sur le moment où une visite au cabinet médical pourrait s’avérer utile, selon les auteurs.
Dans leur étude parue dans la revue Science Advances, les scientifiques ont montré que le système fonctionne. Ils entendent maintenant tester avec plus de cent personnes à quel point cette nouvelle technologie est applicable dans la vie quotidienne.
Grâce aux données recueillies, ils pourront comparer rigoureusement les résultats de leurs analyses à ceux des méthodes de référence utilisées dans les laboratoires médicaux. Cela leur permettra notamment d’évaluer l’homogénéité et la fiabilité des résultats. Un point encore difficile à juger pour l’instant, car la composition du sang menstruel peut varier considérablement en fonction du moment du cycle et d’une patiente à l’autre.
Si cette nouvelle étude s’avère concluante, l’institution pourra alors envisager la conception d’un produit commercial en bonne et due forme. L’objectif : le rendre accessible aux femmes de tous horizons, notamment dans les pays défavorisés où l’accès aux soins est plus difficile. Si ce petit dispositif atteint sa maturité, il pourrait bien faire une différence substantielle en matière de santé publique.
Billy N. CONDÉ