À l’occasion de la Journée mondiale sans tabac, célébrée chaque 31 mai, notre rédaction a rencontré le Dr Cécile Kourouma, médecin généraliste et membre de Génération Sans Tabac, une ONG guinéenne qui lutte contre la consommation du tabac. Elle revient sur les différents types de tabac consommés en Guinée, leurs dangers pour la santé, et lance un appel pressant à la jeunesse.
Contrairement à ce que pensent beaucoup de gens, le tabac ne se limite pas à la cigarette. « Il existe plusieurs formes de tabac : la cigarette, les cigares, les tabacs à pipe (comme la chicha ou le vapotage), les tabacs sans fumée tels que les cigarettes électroniques, les patchs, les gels à base de nicotine, ou encore les tabacs à mâcher », précise le Dr Kourouma.
Tous ces produits ont un point commun : la nicotine, principal agent addictif. « Dès qu’on en consomme, on ressent un effet de plaisir et de légèreté, mais cela entraîne une dépendance rapide. Le plus dangereux, ce n’est pas seulement le tabac en lui-même, mais surtout la combinaison de substances chimiques qu’il contient », ajoute-t-elle. Parmi ces substances : goudron, monoxyde de carbone, cyanure, mercure, métaux lourds, et même des composants utilisés dans les insecticides.
En Guinée, les deux formes de consommation les plus courantes sont la cigarette et la chicha. Le Dr Kourouma insiste sur les effets dévastateurs que cela peut avoir sur la santé, tant chez les hommes que chez les femmes.
Chez la femme, le tabagisme peut entraîner :
• des troubles de la fertilité, voire l’infertilité ;
• des complications graves pendant la grossesse : rupture des membranes, accouchement prématuré, décollement du placenta, faibles poids à la naissance ;
• des risques accrus d’hémorragie post-partum pouvant entraîner la mort ;
• l’apparition de cancers : seins, col de l’utérus, vagin.
Chez l’homme, les conséquences sont également graves :
• une diminution de la fertilité, due à la baisse de qualité et de mobilité des spermatozoïdes ;
• divers types de cancers : prostate, poumon, vessie, voire leucémie.
« La chicha est encore plus dangereuse que la cigarette », affirme le Dr Kourouma. Contrairement à ce que croient de nombreux jeunes, le fait qu’elle soit aromatisée ou filtrée par de l’eau ne la rend pas moins nocive. « L’eau retient les substances chimiques, et avec le charbon utilisé pour chauffer le tabac, on crée un cocktail toxique », explique-t-elle.
Elle alerte : « Une heure de chicha équivaut à fumer 100 cigarettes. » De plus, la pratique collective de la chicha favorise la transmission de maladies comme l’hépatite B. « Si une personne contaminée partage la même pipette, les risques de contamination sont énormes », précise-t-elle.
En guise de conclusion, le Dr Cécile Kourouma lance un appel fort :
« La jeunesse est l’avenir de ce pays. Vous êtes les leaders de demain. Il est temps de prendre vos responsabilités et de faire des choix qui protègent votre santé. Nous sommes appelés à devenir des pères et mères de famille. Comment allez-vous conseiller vos enfants si vous avez un passé marqué par des habitudes nocives ? »
La Journée mondiale sans tabac est l’occasion de réfléchir à nos habitudes, d’ouvrir les yeux sur les dangers invisibles mais bien réels du tabac, et de faire des choix qui honorent notre avenir collectif.
A.KABA